30 juin 2008

Trans...sexuel ?

Vous savez que les troupeaux de chevaux sauvages, en liberté, ont un système hiérarchique intéressant.
Moi qui ai vécu en semi-liberté, et qui ai ouï un tas de choses à ce propos, je vous explique :

Le troupeau est composé d'un étalon, de ses juments et des poulains. Le rôle du chef de harem est d'assurer sa descendance, de protéger ses poulinières et leur petit, de les emmener sur d'autres prairies herbeuses ; et, pour cette mission particulière qu'est le fabuleux voyage continuel de ces nomades, il leur faut un guide.
L'étalon ne peut être à la fois devant pour mener la troupe, et à la fois derrière pour s'assurer que toutes les juments restent bien avec lui, que les petits ne s'égarent pas et qu'aucun danger ne guette par l'arrière. Ainsi, le leader du troupeau n'est autre qu'une vieille jument de tête, qui connaît de nombreux endroits comme les points d'eau indispensables à leur survie.

Jumper et moi, en promenade, nous sommes l'étalon chef et la vieille jument de tête.

Vous comprenez que moi, beau mâle bien que castré, j'aurai préféré le rôle de l'étalon chef. En effet, en plus d'être très motivé pour assurer ma descendance que je pourrai protéger vaillamment grâce à ma large connaissance en arts martiaux, j'ai vraiment le profil type d'un viril étalon... et Jumper, quatre ans plus âgé que moi, est un peu inquiet tout derrière... donc finalement, tout tombait très bien.

Mais comme je vous l'ai déjà dit, Suk Lin n'est pas trop d'accord avec ce point de vue : elle voudrait que je m'aventure en tête. Quelle idée... Puisque je n'avais plus trop le choix ces derniers temps pour faire ma tête de baudet, j'ai fini par m'y faire. Après tout, si elle veut que je devienne la vieille jument de tête... Ce n'est pas une image qui me convient très bien, mais je m'y colle au rôle.
Alors aujourd'hui, j'ai mené presque toute la balade de deux heures ! Héhéhéé...
C'était Suk Lin qui était vachement contente... et puis le principal c'est que ça lui plaise, même si je suis devenu une vieille jument (!). Mais il ne faut pas que ça ne se répète dans les écuries, parce que je sais pas comment je vais m'y prendre après pour pouvoir me faire respecter auprès des autres chevaux !

29 juin 2008

Opération Prom-Prom'

Une semaine complète à promener 2 heures le soir !

Certes j'aime sortir en balade, histoire de voir autre chose que des petits chevaux blancs ; ce qui me chicanait le plus c'est que, pendant nos promenades, les autres étaient en train de manger notre herbe ! Alors Jumper et moi, on n'avait pas très envie de sortir de la manade : le démarrage était plutôt lent, très lent...

Au début, je n'avais pas à me plaindre : je suivais Jumper qui était monté par Martine, la maman de Suk Lin. Parfois j'allais à côté de lui, ça ne me dérangeait pas de trop mais je préférais largement aller derrière ! Il n'y avait que pour le retour, sur ce long chemin d'asphalte, où j'adore allonger devant et me moquer de Jumper parce qu'il a du mal à me rattraper ! J'ai beau être petit, je suis rapide...

Le problème c'est que pour Suk Lin, ça ne collait pas. Elle voulait que je redevienne capable, comme quelques années avant, de mener une promenade devant. Catastrophe ! Je ne savais pas où aller, moi ! Et où je devais mettre mes pieds ? Et ce chemin, il était sûr, au moins ? Il n'y aura pas un vilain chien ou un méchant monsieur pour me faire peur ? Et les voitures jaunes ? Elles ne m'inspirent pas confiance, celles-là ! Et ce gros camion ? Et ce container ? Et ces oies, et ces poules ? Et cette branche ? Ca pourrait me poursuivre et me manger, toutes ces choses-là ! Non, pas question pour moi d'aller devant : plus qu'une solution, le demi-tour pour me faufiler derrière un autre leader de balade. Après tout, c'est toujours ce que je faisais avant, quitte à ce que je passe à côté de Jumper... Mais jamais devant tout seul.


Il n'en était pas question.

Hors de question.

Jamais.


Enfin j'ai quand même cédé. Oh ne pensez pas que je ne tiens pas mes convictions, mais c'est parce que Suk Lin était tellement persuasive, elle en avait tellement envie, elle me faisait les yeux doux et... d'accord, j'avoue, elle m'a bien obligé à passer des chemins devant ! Quand je voulais faire mon demi-tour, elle ne cédait plus jamais et me remettait devant aussitôt. Evidemment que je ne me suis pas laissé faire ! Soit je recommençais en me levant un peu, ou bien alors j'usais de mon arme fatale : le reculer. Impossible de me faire avancer, je reculais jusqu'à ce que je sois derrière Jumper, et ce n'était même pas la peine de me faire le chemin à reculons !
Mais bien vite, Suk Lin m'a fait avancé avec la cravache ou la badine. Je suis toujours surpris parce que je suis sûr qu'au départ elle ne l'avait pas ; et au moment où je l'imagine le moins, elle sort son arme ! Evidemment que ça me fait avancer.
Je précise qu'à la fin de la balade, je suis toujours attentif quand elle descend : elle n'a ni cravache, ni badine. Je ne comprends toujours pas, si quelqu'un peut m'éclairer...

Dorénavant, c'est toujours ainsi : quand je fais un demi-tour ou que je recule lorsque je ne veux pas aller dans un chemin, tout bêtement parce que ce n'est pas la route la plus courte pour retourner à la manade, alors Suk Lin m'oblige à avancer avec la cravache. Elle est plus tolérante quand c'est un chemin que je n'ai jamais emprunté. Quand quelque chose me fait peur, dans la mesure du possible, elle me le fait regarder, renifler, toucher... Je me suis bien rendu compte qu'une panoplie de choses m'effrayait, alors que finalement ces objets sont inoffensifs. De toute façon, maintenant, notre balade de 2 heures ne me fait presque plus peur !

21 juin 2008

Journée portes ouvertes à la Manade


Le 03 mai, nous avons présenté notre petit carrousel sur le thème des Pirates des Caraïbes à l'occasion de la journée Portes Ouvertes de la manade. Ca faisait près de 6 mois que nous nous entraînions, chaque samedi matin de 9 heures à 10 heures ! Au-delà du trac, nous nous sommes dépassés. Dommage pour notre rose qui était un peu décalée, mais avouons que ce n'était pas un exercice facile pour nous les chevaux, surtout que nous étions perturbés par le public ! Mais dans des figures que nous maîtrisions moins bien lors des répétitions, nous avons été plus pros que jamais.

Après ces 7 minutes, le White Pearl que j'étais aux yeux de ma cavalière pirate s'est retransformé en Camargue pour le petit carrousel Le temps d'une pause, avec les semi-confirmés du samedi matin. Quelques minutes qui, en fait, ont demandé à Jumper et moi-même beaucoup de self-control, surtout pendant les répétitions ! En effet Django, le cheval devant moi, ne m'aime pas beaucoup ; et entre Justin et Jumper, c'est la guerre ouverte ! Heureusement qu'on a fini par faire une trêve... le temps d'une pause.


Mais dans mon récit et sur toutes ces photos, il manque encore une personne très importante.

Sans elle, jamais nous ne serions parvenus à ces résultats.

Elle s'appelle Laurence ; elle est professeur de math en semaine, monitrice d'équitation le samedi matin, une cavalière de concours le dimanche. Je lui dois tant de choses importantes comme mes progrès, et surtout ma nouvelle vie !


Quoi qu'il en soit, cette journée me sera mémorable et d'un agréable souvenir. Durant les longues préparations des mois auparavant, elle nous a non seulement permis de progresser, d'apprendre à collaborer avec les autres couples, mais aussi d'être en parfaite harmonie avec son cavalier, la fusion de deux êtres pour devenir centaure.

14 juin 2008

Jolly Jumper de Collarmont


Quelle idée, vraiment, d'avoir un nom aussi long ! Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne lui va pas comme une guêtre. Je vous présente ici mon collocataire de box, Jolly Jumper.

Et il porte bien son nom ! Il est, tout d'abord, un très bon sauteur pour un Camargue. Mais comme le cheval de Lucky Luke qui a des taches jaunes sur le grasset, eh bien mon colloc' est un vrai cochon ! Si je me roule 10 fois, je n'arrive même pas à être aussi sale que lui lorsqu'il se roule une fois ; et on a beau le doucher, il reste doré aux cuisses.

Nous deux, on aime bien se chamailler. Dans notre stalle, je monopolise les fenêtres ; en balade, par contre, il profite de mon inexpérience pour faire son petit malin : c'est lui qui mène, et j'ai aucun intérêt à le dépasser par la droite ou bien il me montre les dents. Espèce de caïd !

Mais sous son air grognon, j'ai découvert en lui un cheval sensible qui adore les caresses. Il se fait respecter, voilà tout. Je l'aime, mon cokotteur ! Dorénavant, plus jamais l'un sans l'autre, que ce soit au pré ou autre part !

Qui aurait cru que deux p'tits chefs comme nous formeraient une aussi bonne paire ? Nous avons étonné tout le monde, nous-mêmes y compris.

13 juin 2008

4 mois

« Déjà 4 mois que mon statut social a changé !

Ce 12 juin 2008, nous fêtions non seulement les 11 ans de Jumper, mais aussi mes 4 mois de cheval de propriétaire.

Que le temps passe vite !

Ca fait donc 4 mois que je suis sorti du bac à sable,
4 mois pendant lesquels j'ai pu faire la grasse matinée et la nouba toute la nuit,
4 mois que Jumper est mon collocataire.
Oh j'oubliais, je ne fais plus très attention à mon régime ces temps-ci : je profite de l'herbe verte de la manade, et je ne voudrais pas que les autres mangent tout à ma place !

Bientôt les vacances : à moi les sentiers de balade ! (mais avec Jumper, je ne suis pas assez fou pour partir tout seul !) »

12 juin 2008

Nouvelle vie d'un petit Camargue

« Quelle vie je mène, tout de même, moi !

Je suis né en Provence, à la Manade Marsaud, où j'ai passé mes premières années de jeunesse. Puis j'ai été emmené en Belgique à la Manade de Collarmont où je suis devenu cheval de manège. Pendant quelques années, une panoplie de cavaliers m'ont monté ; oh, j'étais un petit dur à cuire ! J'adorais faire mon tour de galop individuel à une vitesse folle. J'aimais bien aussi faire ma tête de mule ! Certains en ont vu de toutes les couleurs, et ont été étonnés lorsqu'ils ont appris que ma cavalière du samedi voulait m'acheter.

Elle s'appelle Marie-Alice, mais je la surnommerai Suk Lin sur ce blog.

Le rêve s'est concrétisé, mais il a fallu attendre de longs mois pour qu'un autre cheval puisse me remplacer, puisque je suis tellement unique, beau et... Quoi, moi, un crâneur ? Détrompez-vous, je suis le plus humble des petits chevaux de ce monde.

Cette année a été très mouvementée et pleine d'émotions. Le 22 décembre, c'est Jumper qui a été vendu : c'était l'amour de Laurence, la soeur de Suk Lin. Alors que mon départ devait se situer début mai, j'ai changé de statut social le 12 février.


Bienvenue sur le blog d'un petit Camargue qui va vous raconter la vie d'un cheval de propriétaire beau, petit et fort, charmant, puissant, têtu, grincheux, gentil, gourmand, anthropophage, au joli petit cul rond, pas très souvent blanc, et unique au monde : moi, Noé du Ra, 7 ans et toutes mes dents. »